mai 4

Diagonalisations_2 : les préalables

Tous les chevaux peuvent piaffer

C’est tout du moins ce que je crois et ce que les diverses expériences auprès de chevaux de conformations plus ou moins avantageuses me démontrent !

Mais d’abord, pour en arriver à cette conclusion, il faut « éplucher » les préalables !

Avant de parler de piaffer, il faut obtenir des mobilisations. C’est à dire un cheval dont on obtient de l’activité sur place, en équilibre (sans soutien ni de la main, ni de la cravache), et sans EXCITATION. C’est LA difficulté au sens où, quand le cheval piaffe naturellement, c’est sous l’effet d’un événement extérieur « excitant ». Or l’excitation est la conséquence de « tensions élevées » du cheval, ce qui n’est pas, mais alors vraiment pas ce qui est souhaité ! Donc, en priorité, le fait de mobiliser le cheval sur place ne doit pas être issu d’une excitation, mais plutôt associé à de la décontraction. Ce qui en fait une première difficulté au sens où on entre dans du « contre-nature ».
Dans les préalables, il faut donc chercher ce qui permet d’obtenir ces mobilisations. Pour ce qui est de l’état d’esprit, c’est vers la décontraction, et non l’excitation que l’on va se tourner. Dans la forme, c’est dans le développement de tous les exercices de gymnastique qui permettent d’augmenter l’activité des hanches :

  • travail sur la volte (ronde ou carrée !)
  • transitions trot/reculer/trot/etc…
  • pas de côtés
  • pirouettes
  • etc… la liste n’est pas exhaustive

Privilégier les exercices où le cheval (ET LE CAVALIER) sont le plus à l’aise ! L’obsession dans ces exercices est de combiner et perfectionner le mariage de l’activité et de l’équilibre (associé à l’obéissance) sans soutien continu des aides. Le piaffer étant à considérer comme une prise d’équilibre, le cheval doit se tenir SEUL, et demeurer dans son Air jusqu’à ce que le cavalier l’en fasse sortir. Ce qui met en évidence les conseils de la majorité des écuyers qui ont écrit sur le sujet : arrêter le cheval dans son piaffer AVANT qu’il ne s’arrête de lui-même pour quelque raison que ce soit.

A prendre en considération que tous ces exercices sont abordables « à pied » pendant la phase d’éducation du cheval, donc très tôt dans ses apprentissages. J’insiste sur la période « d’éducation » tant dans l’esprit de fond elle implique des règles simples mais strictes en rapport avec une équitation que je qualifierai « de comportementale » ; il ne s’agit pas de ce que l’on inclut dans le courant « éthologique » où la mécanisation est pour ma part trop présente (autre sujet qui n’a pas sa place ici). Une des règles fondamentales est accolée au principe « jambes sans main / main sans jambes » : une action impulsive (de la cravache si l’on est à pied) ne doit pas « percuter » la main et la main ne doit rien prendre sur l’impulsion (pour ne pas prendre ce risque, la main ne doit pas se faire sentir en même temps qu’une de demande d’activité de la cravache). Ce genre de règle simple, élémentaire, facile à mettre en application mais fondamentale, permet de développer jusqu’au piaffer et donc d’ouvrir la porte aux allures d’école à tous les chevaux, qu’ils soient de conformation ou de « qualités naturelles » désavantageuses !

Dans l’éducation, une priorité : je m’assure que le cheval respecte la main en sorte qu’il ne lui vienne jamais (plus) l’idée de « forcer la main ». Elle représente pour lui une « barrière infranchissable », quoi qu’il arrive. La confiance mise dans la main est telle qu’il la suit inconditionnellement. J’insiste sur le terme « confiance » devenu « à la mode » au sens où le cheval la respecte mais ne la craint pas. A ce stade, le cheval se laisse « guider », ce qui permet de suggérer des modifications de postures de l’avant-main d’une part, et de direction d’autre part.

Il va de soi que la main (comme les aides impulsives) ne fait que donner des indications ponctuelles : la main ne « tient pas le cheval »; tout au plus, elle soutient, et si le soutien venait à se dégrader vers l’appui, cet appui sera refusé. L’objectif final étant que le cheval se tienne seul, qu’il piaffe, galope ou recule, etc…

Là prend tout son sens d’un des concepts bauchéristes énonçant le fait que le cheval en vienne à maintenir seul le mouvement qui lui est suggéré jusqu’à ce que le cavalier le modifie ==> on retrouve les notions d’équilibre, d’activité et d’obéissance. D’un point de vue comportemental, il faut donc trouver comment exposer « son projet » au cheval, le lui faire accepter et exécuter sans altérer sa « bonne volonté » ! Le cavalier doit être accepté comme un « truc » dominant, respecté et accepté comme tel par le cheval ; ceci exclut les cas d’être respecté sous la crainte (ce qui est n’importe quoi sauf du respect !).

De tous ces « préalables », on s’aperçoit qu’aucun d’entre eux ne sont du domaine de l’impossible pour la majorité des chevaux. Ce qui m’amène à dire que … tous les chevaux peuvent piaffer !

Il y a donc matière à se poser quelques questions :

Pourquoi y en a-t-il si peu qui piaffent ? Sans oublier le pourquoi faire piaffer les chevaux ?

J’entends par piaffer des chevaux qui manient rigoureusement sur place, en équilibre, sans appui, dans la descente des aides avec une mise en main parfaite. Bref, le piaffer idéal ? Utopie ?

Ben non ! Et c’est pas si compliqué que ça vu les préalables énoncés ci-dessus !

D’abord, il ne faut pas voir le piaffer comme « une fin en soi », mais plutôt comme un »passage incontournable », un « tremplin » dans la stylisation des allures : c’est, pour imager, un système de vases communicants. Quand le piaffer s’améliore, les allures se stylisent, et réciproquement.

Par stylisation des allures, j’entends les allures d’école, dites allures rassemblées. Là encore, il y a matière à se poser des questions :

Pourquoi ne voit-on plus de pas d’école, de trot d’école, etc… sur les rectangles de dressage ? Je laisse à chacun le soin de faire le lien entre les cursus d’apprentissages des chevaux dits « de concours »… D’autre part, les protocoles des reprises de dressage enchaînent les figures de telle façon que leurs préparations sont quasiment du domaine de l’impossible sans « contraindre le cheval » pour obtenir la figure coûte que coûte, ceci au détriment de la préparation permettant d’entamer les figures dans les meilleures dispositions possibles. Par conséquent, on a des chevaux mécanisés d’une part, et fortement tenus d’autre part. Mais là est un autre sujet (hors sujet dans ce billet).

Pour en revenir aux préalables et au fait que tous les chevaux peuvent piaffer (devraient piaffer) dans leurs apprentissages, il s’agit simplement de prendre en considération que seule une préparation soignée et rigoureuse permet d’y parvenir, dont l’esprit de fond obsessionnel est axé sur l’équilibre, l’activité et l’obéissance (par respect et non par crainte) totale et inconditionnelle aux aides. Là, ce n’est qu’une affaire d’éducation, de comportement, accessible à … n’importe quel cheval ! Ce qui implique que :

Tous les chevaux peuvent piaffer !