février 6

Mors….avec ou sans ?

Avec ou sans embouchure…..ce n’est pas qu’une question de mode !

Instrument de torture avec certains, de décontraction avec d’autres !

Ah ! Le mors, l’embouchure, vous savez : le « truc barbare de tortionnaire » qu’on ose mettre dans la bouche des chevaux……
C’est sûr qu’en n’ayant qu’un regard exclusif sur les vidéos de Nevzorov (entre autres, car il en circule tant qu’on est dans un choix tel que « trop de choix tue le choix »), cela n’incite qu’à rejeter ipso facto l’utilisation d’une embouchure ! Et se cantonner à cet unique point de vue me paraît bien réducteur (!) et par conséquent révélateur d’une certaine « étroitesse » d’esprit qui m’incite à passer rapidement à « autre chose »…(j’en viendrais à avoir des comportements ….réducteurs…. !).

Bon, les Anciens n’étaient pas les crétins barbares que l’on voudrait nous faire croire, via la tendance « sans fer, sans mors, sans selle », ce à quoi JE rajoute : et sans équitation ! Il suffit de lire ce qu’ils nous ont transmis…pour comprendre que dès la Renaissance, on prônait le fait d’être prodigue de caresses et avare de coups pour ne pas abîmer:
…la gentillesse des chevaux qui est comme la fleur pour le fruit, laquelle ôtée ne retourne jamais…
Ce qui ne fait pas de moi un « réfractaire » aux tendances actuelles, mais elles ne doivent pas s’appuyer sur de la méconnaissance, de l’inculture ou de l’incompétence et j’en passe. Ce n’est pas pour rien que mes chevaux sont tous pieds nus et vivent en groupes sur 10 à 15 hectares. Mais je tiens à ce mode de vie non pas pour coller à un phénomène de mode mais parce qu’il est bon pour eux!
Et parce que j’adhère totalement à l’expression d’un ancien Écuyer en Chef:
Le culte de la tradition n’exclut pas l’amour du progrès.

Alors, avec ou sans mors ?

Bon, une chose est sûre : je ne peux pas utiliser un appareil qui exerce une pression sur la nuque sous une action de main…. ce qui provoquerait un abaissement du gouvernail « tête-encolure ». A moins de vouloir mettre le cheval sur les épaules (sic!)….
Donc cela exclut toute la panoplie des licols, bitless, etc…, bref, tous les outils provoquant, de façon plus ou moins prononcée, une pression sur la nuque aussi faible soit-elle.

Alors, une autre astuce serait de ne pas chercher à avoir de « contact » avec la tête du cheval ; ça, ce serait top ! MAIS….. si la conduite du cheval en cordelette (par exemple) permet de lui donner toute liberté pour s’organiser dans ses mouvements, cela implique que le cheval soit d’une conformation telle que les postures qu’il prend sous la charge d’un cavalier ne lui sont pas nuisibles. Et là, à moins d’avoir un « porte-monnaie » bien rempli, ce genre de cheval n’entre pas dans les cordons de ma bourse !
Une autre solution consiste à ne pas envisager de le mettre en charge, auquel cas il n’y a pas de problème d’équitation !
Pour en revenir à la conduite du cheval « de sang » en cordelette, dans des postures et attitudes justes, capable de s’allonger et se rassembler, de piaffer et passager, bref, d’aborder les Airs d’école, tous ceux que j’ai vu avaient été mis…. en filet PUIS en cordelette. Ce qui n’enlève rien aux compétences de leurs cavaliers, mais il ne faut pas omettre que le dressage poussé de ces chevaux fut fait avec une embouchure, et …. c’est pô grave ! Suffit d’être honnête sur les processus de dressage…
J’exclus les chevaux dont l’éducation s’est limitée à être conduits dans leurs trois allures « naturelles », et ce sans aucune condescendance de ma part.

Donc, nous voilà avec notre embouchure, enfin pour ceux qui n’ont pas encore fermé cette page!
La simple brisure me paraît incohérente car, aussi fine que soit la main du cavalier, la « faute de main » est toujours possible et …. la simple brisure provoquera une atteinte sur le palais ==> utiliser soit un mors droit (résine ou autre matériau souple), ou un mors articulé avec double brisure : la forme de l’olive centrale ne blessera pas la bouche du cheval en cas de faute de main.
Quant à l’emploi de la bride (dont l’effet est abaisseur et extenseur, et oui…), en règle générale elle est utilisée pour obtenir un ramener (vous savez bien, la posture qui fait dressage!!!!) qui ne s’obtient pas en filet simple; donc son utilisation est à proscrire systématiquement dans ces conditions d’emploi! D’autre part, conduire le cheval en bride implique de ne JAMAIS CONDUIRE SUR LES QUATRE RÊNES EN MÊME TEMPS (gloups : je laisse à chacun d’avoir la curiosité de regarder les vidéos qui circulent sur le net et d’en trouver où les chevaux sont conduits sur le filet OU sur la bride, mais pas sur les deux embouchures en même temps: bon courage!).
Pour en revenir au filet simple, il s’agit de l’utiliser avec un contact localisé sur la commissure des lèvres, ce qui implique une main haute (au sens d’au-dessus de la bouche) pour ne pas exercer de pression sur les barres et/ou sur la langue. Le tout sur des rênes « demi-molles », c’est à dire sans tension (j’aime l’image d’attacher un brin de laine entre la rêne et l’anneau du mors….).
Là, une longue période d’éducation est à mettre en place pour que « la greffe prenne ». On cherche une bouche mobile décontractée, souple et liante. En ce qui me concerne, je procède à son ouverture en caressant la commissure des lèvres d’avant en arrière et réciproquement; je ne sais pas pourquoi, mais c’est d’une efficacité redoutable! Puis j’y associe une légère pression du canon du mors, jusqu’à ce que seule la pression du mors sur la commissure provoque la mobilité de la bouche. Quand cela s’obtient facilement à l’arrêt, je le recherche en mouvement et là, c’est MAGIQUE!!!!!!! La locomotion devient plus liante, plus souple, plus flexible. Si je n’en étais pas convaincu, je dirais que Baucher avait donc raison !
Juste une petite remarque, en passant: cela met en évidence une forme de dialogue qui s’instaure entre la main et la bouche. Donc, pour ne pas tomber dans un monologue, desserrer voire enlever la muserolle si ce n’est déjà fait!
Une fois le principe intégré, il va falloir être opportuniste et instruit dans la mécanique des allures: la main va agir pour augmenter ou atténuer un mouvement naturel.
Concrètement, si je demande un pli à droite, ma main va agir ponctuellement au moment où, dans la mécanique de l’allure, la tête a tendance à se porter à droite et uniquement pendant ce temps-là; et quand le pli est formé, la main ne demande plus rien! Elle se contente « d’aller avec », sans gêner.
Il en va de même pour l’élévation de l’encolure, comme de son extension et abaissement: la main demande au moment où l’encolure se porte dans le sens du mouvement envisagé. Et si j’osais, je rajouterais: et c’est tout!
La grosse difficulté de tout ça (qui, en y regardant bien, est relativement simple), c’est d’avoir une mise en selle telle que le cavalier soit parfaitement indépendant dans ses mains, jambes, etc…., en sorte de ne pas avoir de mouvements inappropriés, à contre-temps et nuisibles. En fait, c’est là où ça se complique!

Dans ces conditions, il est envisageable d’aider le cheval à se (re)construire d’un point de vue postural, tout du moins de « l’encourager » à modifier ses postures en fonction des mouvements qu’il exécute; à ce stade, le cavalier qui « travaille » son cheval fait office de « prof de sport », de « kiné », bref, il doit raisonner la gymnastique de son compagnon pour qu’il fortifie sa musculature qui le préservera dans le temps.
Et si un exercice gymnastique n’améliore ni la souplesse ni la locomotion du cheval, c’est qu’il est mal fait ou qu’il ne sert à rien. Donc, autant s’en passer…

Pour conclure:

Dans l’éducation du cheval, le cavalier est confronté au fait d’avoir la majeure partie de son poids sur l’avant-main du cheval.
La seule solution consiste à en reporter une partie sur l’arrière-main, et l’élévation de l’encolure participe à ce report de poids. C’est une des raisons de l’emploi d’une embouchure qui, par son action localisée sur la commissure des lèvres, permet d’élever par paliers progressifs le gouvernail tête-encolure par une action cohérente au moment opportun dans la mécanique de l’allure.

Pour citer le colonel Carde, j’en dirais que :

C’est ce que je crois………



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Ecrit 6 février 2016 par Sylvain BEAULIEU dans la catégorie "équitation de tradition française

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