juillet 31

La flexibilité … la suite (3).

L’importance des manipulations locales

Une des particularités du bauchérisme consiste à traiter la moindre résistance de façon locale. Il n’et pas question de chercher à supprimer ou atténuer une résistance en mettant tout le corps du cheval en mouvement, mais de la traiter localement, à pied comme en selle.

La flexibilité découle de l’absence de résistance, c’est à dire quand le cheval n’emploie pas sa musculature antagoniste (et ce de façon volontaire ou non), et qu’il n’utilise que le strict nécessaire de tonus musculaire pour réaliser ce qu’il est en train de faire (en fait, il y a là ce que le général L’Hotte expose dans sa définition de la légèreté dans le juste emploi d’énergie nécessaire au mouvement considéré !).

==>la flexibilité est un des critères de la légèreté !

==>la flexibilité est issue d’un état de décontraction du cheval

==>le cheval ne peut pas se décontracter sous « la contrainte » (La Palice !)

==>la « qualité » de la relation « homme-cheval » permet (ou pas) de suggérer, de générer un contexte propice à la décontraction du cheval. Quitte à se répéter, il en est du cheval comme de l’homme : on ne peut pas exiger qu’il se décontracte. C’est, je crois, un des premiers facteurs d’échec dans cette quête !

La légèreté à la main chez Baucher

Chez Baucher, l’équilibre découle de cette légèreté. Et si elle n’est pas là, le cavalier s’empresse de la « provoquer » par une action de la main. C’est l’emploi du demi-arrêt et/ou de la vibration. Mais il faut bien reconnaître qu’il n’est pas donné à chacun d’entre nous d’avoir le tact de ce Maître ! Il est fréquent de constater que le fait d’obtenir une cession de mâchoire (ou ce qui s’y apparente …) ne produit pas systématiquement l’annulation de résistances (volontaires ou non), voire génère du « désordre » !

Le constat de Baucher, c’est que la cession de mâchoire provoque la décontraction, annule des résistances volontaires ou non. Ses moyens pour l’obtenir consistent à agir directement sur la bouche. Pour les « purs bauchériste », attachés à « la méthode », il n’y a pas à y revenir !

Respecter le fond en changeant la forme !

« Le culte de la tradition n’exclut pas l’amour du progrès« , disait le colonel Danloux ! Rien ne nous empêche de chercher des moyens permettant d’obtenir cet état de décontraction dont la perméabilité de la bouche demeure l’indicateur, sans intervenir pour autant directement sur la bouche elle-même. C’est ce qui est pratiqué dans l’article précédent. Et force est de constater que le cheval est léger dans sa bouche, c’est à dire en arrive à suivre inconditionnellement la main du cavalier, sans aucune résistance ; je pense que c’est ça, la légèreté à la main, et non « l’obligation d’avoir une ouverture plus ou moins apparente de la bouche ». Le seul fait de suivre la main, avec une bouche « moelleuse » au sens d’une mâchoire souple, et non fermée, braquée, bloquée sur la main, est à mon avis la confirmation que le cheval est acceptant de la main.
Dans ces conditions, je ne constate aucune résistance dans quelque partie du corps du cheval. Ces manipulations ayant été faites à pied, il faut à présent les transposer en selle.
Nota : Le cheval, vis à vis de la main, est ce qu’on appelle en équitation « un cheval obéissant, soumis », ce qui, contrairement à la tendance actuelle où est érigé le cheval au rang d’animal de compagnie, n’en fait pas un esclave asservi, vu que les moyens employés sont du domaine de la  suggestion, de l’éducation, et non de la coercition. Mais il faut bien reconnaître qu’employer ces termes de nos jours est mal perçu et renvoie celui qui les emploie au rang de « barbare » (!) et les termes de l’ordre des « gros mots »…
Revenons au sujet :

Impact sur la flexibilité

Le cheval, à pied, ayant été rendu « perméable » aux demandes de la main, montre une locomotion « élastique », souple, flexible. Les oscillations des différentes parties de son corps en mouvement sont plus prononcées, plus fluides, dans des cadences lentes.
Il faut à présent conserver cet état en selle, et trouver des moyens qui permettent de le retrouver s’il venait à se dégrader.

Retombées directes en selle

On s’aperçoit qu’après avoir manipulé le cheval en main, dès que l’on monte en selle, on en ressent les effets : elles perdurent en mettant le cheval en charge. Élasticité, souplesse, liant des allures, bref, tout y est ! Mais c’est la « disponibilité à la main » qui est la plus flagrante. Le cheval spontanément, suit la main, où qu’elle aille, pourvu que ce soit cohérent… La question est de savoir comment faire pour conserver cet état, et l’obtenir si l’on ne passe pas par la phase « en main » (ce qui ne devrait pas se produire car les manipulations, chez un cheval habitué, sont de l’ordre de l’entretien, du contrôle au moment du pansage par exemple).

En fait, l’effet de « rêne d’ouverture » prend ici tout son sens, à condition … que comme pour tout emploi d’une ou des aides, cet emploi se limite à agir ponctuellement pour ensuite laisser le maximum de liberté au cheval de faire ce qui lui est demandé.

Par action ponctuelle, j’entends aussi qu’elle soit cohérente, qu’elle agisse au meilleur moment dans la mécanique de l’allure. Par exemple, solliciter le déplacement d’un postérieur a le plus d’effet si l’action de la jambe du cavalier se produit dans la phase de soutien du postérieur, et non (surtout pas !) pendant se phase d’appui.

Concrètement, en selle, pour retrouver ou pour obtenir ce qui est abordé à pied, amène à prendre le problème par les deux bouts : longitudinalement et latéralement, et ce de façon « séquentielle » !

  • latéralement par l’emploi de la rêne d’ouverture de la plus faible intensité possible en sorte qu’elle ne fasse que ployer l’encolure sans attirer un report de poids sur l’épaule du dedans. Il est utile de procéder, au moins pendant les premiers temps, par « paliers ».
  • longitudinalement et s’accordant avec la mécanique de l’allure en avançant la main de pli pendant la phase d’extension et d’abaissement de l’encolure.

Rapidement, le cheval devient perméable et ne nécessite plus de passer par l’arrêt pour réduire des résistances qui sont toutes, dans cet état d’esprit, du domaine de l’incompréhension ou de la gêne provoquée par le cavalier. J’insiste sur le point de ne pas « durcir » les aides pour « obtenir à tout prix ». Dans ce cas, les résistances, si elles peuvent s’amenuiser, ne sont jamais éliminées totalement : la musculature « antagoniste » est en action ==>le tonus musculaire employé est supérieur au « strict nécessaire », et par conséquent fait sortir des critères de « légèreté » définis par le général L’Hotte. Sans être plus « tradi » que la « tradition », ces critères sont du domaine de notre patrimoine culturel, différencient (devraient différencier…) l’équitation à la Française des autres cultures équestres… sauf dans le grand jeu de massacre de la compétition…



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Ecrit 31 juillet 2014 par Sylvain BEAULIEU dans la catégorie "bauchérisme", "flexibilité", "technique", "troisième manière !!!

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